Y aura-t-il encore du pain sur la table demain?

Il est vrai que le titre de cet article d’opinion peut sembler un rien alarmiste. Si cela ne tenait qu’à nos entrepreneurs et food heroes, nous ne devrions pas spontanément avoir la crainte de rayons vides dans les magasins. Mais pouvoir continuer à profiter jour après jour d’aliments et de boissons de grande qualité et produits de manière durable, n’est peut-être pas aussi évident que ce que beaucoup semblent imaginer. 

En partant de cette question récurrente « Que mangerons-nous demain ? », nous avons récemment lancé un plan stratégique avec lequel, en tant qu’industrie alimentaire belge, nous souhaitons participer au développement d’un système alimentaire plus durable, le regard tourné vers l’avenir. Une telle vision à long terme revêt pour nous une importance capitale. Ceci est la preuve qu’en tant que secteur, nous sommes animés d’un grand sens des responsabilités.

Mais aujourd’hui, nous devons également prendre le temps de réfléchir aux défis à plus court terme. Nous ne pouvons ignorer la progression du variant Omicron. Même s’il est heureusement moins pathogène, il se propage plus sauvagement que jamais. Les enquêtes que nous avons menées ces dernières semaines auprès de nos entreprises alimentaires ne trompent pas : près d’un travailleur sur 8 est actuellement absent. Cet absentéisme a inévitablement un impact sur la production, mais comme nous l’avons constaté à maintes reprises pendant cette crise du coronavirus, nous entreprises tiennent bon.

Merci à nos entrepreneurs et à nos food heroes. Quant au sens des responsabilités dont ils continuent à faire preuve pour garantir l’approvisionnement alimentaire, nous espérons que d’autres fassent de même. Les syndicats, par exemple, pour soutenir des solutions pragmatiques, réalisables et flexibles durant cette crise, afin de maintenir nos entreprises en activité. Nous ne pouvons pas nous permettre de perdre du temps en formalités administratives inutiles dans la recherche de solutions viables, dans l’intérêt de tous !

Fort heureusement, le gouvernement fédéral a compris le message et a adopté un ensemble de mesures qui permettent une plus grande flexibilité pour pallier le manque de personnel tant en interne qu’en externe. Ce n’est pas trop tôt pour les nombreux entrepreneurs qui proposent des solutions, plus créatives les unes que les autres. Jusqu’à des taxis pour reconduire le soir chez eux, en toute sécurité, leurs food heroes qui prolongent leur journée de travail. Quel sens des responsabilités !

De plus, nous attendons résolument de nos partenaires de la chaîne, en particulier des détaillants, comme maillon vers le consommateur, qu’ils prennent leurs responsabilités. Dans les circonstances actuelles, nous leur demandons d’être compréhensifs vis-à-vis des retards de livraison pouvant survenir à la suite de l’impact de la cinquième vague de coronavirus. Imposer des amendes dans un tel contexte, même spécifiées de manière contractuelle, serait dès lors injuste. Assurer l’approvisionnement alimentaire est une mission commune, en particulier en ces circonstances difficiles. Nos entreprises mettent tout en œuvre pour y arriver. 

Car l’impact du variant Omicron se heurte à un défi au moins aussi important : celui des augmentations de coûts constantes et sans précédent, qui font grimper les coûts de production des denrées alimentaires et boissons. Le fait que les prix de l’énergie atteignent des sommets, comme jamais auparavant, est désormais une réalité et frappe de plein fouet notre secteur à forte intensité énergétique. S’y ajoute la hausse des prix des matières premières, des emballages et du transport, par conteneurs maritimes, par exemple.

N’est-il dès lors pas logique que nos entreprises souhaitent pouvoir répercuter ces coûts à leurs clients ? Que certains détaillants insinuent dans les médias que nos entreprises alimentaires cherchent à profiter de cette crise, est particulièrement cynique. La réalité est qu’un système alimentaire durable n’est pas concevable dans un cimetière économique. Nos entreprises doivent disposer d’une marge suffisante pour innover et investir dans des solutions durables, ainsi que dans l’alimentation et les emplois de demain. Cette marge nécessaire requiert une durabilité économique.

Nous appelons donc nos partenaires de la chaîne à poursuivre le travail ensemble pour apporter des réponses durables à la question « Que mangerons-nous demain ? » et à regarder au-delà des profits à court terme. Pour continuer à bénéficier dans le futur de la qualité, de la diversité, de l’efficacité, de l’innovation et du savoir-faire de nos entreprises belges, il est nécessaire d’amener à nouveau plus d’équilibre dans les relations et les accords entre les partenaires de la chaîne. Tout le monde, jusqu’au consommateur, doit être prêt à payer le juste prix pour y parvenir.

La bonne nouvelle est qu’il ne s’agit pas d’une vaine illusion. L’enquête auprès des consommateurs, réalisée l’an dernier par Why5 Research, à la demande de Fevia, a confirmé qu’un nombre croissant de consommateurs est sensible à la question du développement durable et est prêt à y mettre le prix dans une certaine mesure.

Malgré cette période agitée que traversent nos entreprises alimentaires, nous avons donc des raisons d’être optimistes pour l’avenir. Tant que nous travaillerons main dans la main, que nous prendrons nos responsabilités et que nos entreprises pourront continuer à investir dans des aliments et boissons innovants, savoureux, sûrs et produits de manière durable, il y aura assurément du pain sur la table demain !

Soyez le premier à commenter

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*