
Les agissements sujet à caution d’Heineken en Afrique continuent d’alimenter la chronique. En dépit d’une enquête interne ayant mis à jour les abus et harcèlements dont sont victimes ses hôtesses chargées de la promotion de ses marques de bière, le brasseur néerlandais n’a pas mis fin à ces pratiques de marketing toujours en vigueur dans une dizaine de pays africains. Trois mois après l’enquête, la promesse du groupe brassicole d’arrêter d’employer des hôtesses dans les pays où les abus sont flagrants, est restée lettre morte.
Ces pratiques douteuses d’Heineken en Afrique ne remontent pas à hier. Dans son livre « Heineken en Afrique, une multinationale décomplexée », le journaliste néerlandais du NRC Handelsblad, Olivier van Beemen, montre qu’elles sont monnaie courante depuis une dizaine d’années. Au total, au moins 4.000 jeunes filles africaines seraient employées via des agences de recrutement missionnées pour promouvoir les bières d’Heineken.
Faire croire que cette bière rendait plus puissant sexuellement
Dans le cadre de cette stratégie marketing, ces femmes sont régulièrement harcelées. Les cas de prostitution sont fréquents. Et elles subissent aussi des pressions pour avoir des relations sexuelles avec des responsables locaux d’Heineken.
En 2006, au Nigeria, une filiale d’Heineken a utilisé 2.500 prostituées pour convaincre des clients de bars de changer de marque de bière. Leur rôle: faire croire que cette bière rendait plus puissant sexuellement. Au Congo, les femmes employées étaient forcées de coucher avec les responsables de la brasserie ou des clients du groupe, et considéraient les activités sexuelles comme faisant partie de leur travail.
« En Afrique, la bière rapporte près de 50% de plus qu’ailleurs, et certains marchés, comme le Nigeria, sont parmi les plus lucratifs au monde », rappelle l’auteur qui a enquêté durant cinq ans sur les pratiques du deuxième brasseur mondial sur le continent noir. Outre le recours aux « promotiemeisjes », Heineken est passé maître pour composer ou pactiser avec les régimes au pouvoir qu’ils soient corrompus ou autoritaires.
Source: L’Echo
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