
La prise de participation des agriculteurs dans la coopérative est liée à un engagement à livrer des betteraves à raison de 100 tonnes par part.
Les créateurs de la coopérative sucrière ont levé 39 millions d’euros de capital. Il manque 17 millions. Une nouvelle souscription est ouverte. L’usine n’ouvrira qu’en 2022.
Une opération sans précédent – des centaines de coopérateurs qui lient leur participation financière à un engagement à fournir des matières premières -, mais qui n’a pas encore donné les résultats escomptés. Ainsi peut-on résumer le processus de levée de fonds de la future entreprise sucrière qui doit être implantée à Seneffe.
À ce jour, la Coopérative des Betteraviers Transformateurs (CoBT), l’initiatrice du projet de sucrerie qui sera installé dans le zoning de Feluy, le long de l’E19 Bruxelles-Paris, a réussi à lever 39,4 millions d’euros auprès de 1.293 souscripteurs. Parmi ceux-ci figurent 1.173 betteraviers qui ont souscrit à des parts sociales directement liées à un contrat de livraison de betteraves (100 tonnes par part, avec un minimum de 300 tonnes). De quoi assurer à la future usine un approvisionnement annuel de 1,06 million de tonnes de betteraves.
Le montant et le tonnage sont appréciables. Mais insuffisants. Pour être rentable, l’usine doit traiter 1,4 million de tonnes de betteraves. Le business plan de la CoBT prévoit même 1,6 million de tonnes. Et les capitaux recueillis ne représentent qu’un peu plus des deux tiers du montant espéré (57 millions d’euros).
D’où la décision de la coopérative, conseillée par le bureau d’études Innovity, d’ouvrir à partir de lundi une nouvelle période de souscription, qui courra jusqu’au 29 mars. Elle sera ouverte aux betteraviers qui ont déjà souscrit et souhaiteraient accroître leur participation et aux agriculteurs désireux de se joindre au projet.
Les responsables de la CoBT ne s’inquiètent pas de ce léger contretemps. « L’ampleur de la souscription au premier tour devrait constituer un levier suffisant pour inciter d’autres agriculteurs à souscrire au projet », affirme Benoît Haag, coordinateur de la CoBT.
Pourparlers avec des investisseurs industriels
Le plan financier de la coopérative betteravière prévoyait un capital de 100,4 millions d’euros. À la demande de la FSMA, l’autorité des marchés financiers, celui-ci a été porté à 114,4 millions d’euros pour répondre aux exigences des potentiels créditeurs de la CoBT – qui devraient se montrer plus prodigues si la coopérative dispose de davantage de fonds propres.
Des discussions sont toujours en cours avec des investisseurs institutionnels et stratégiques potentiels pour la seconde moitié de la levée de fonds.
La Société régionale d’investissement de Wallonie (SRIW) s’est déjà engagée, dans une lettre d’intention, à hauteur de 30 millions d’euros. Les 27 millions restants font encore l’objet de pourparlers avec des partenaires industriels. L’aboutissement de ces discussions est en tout cas une condition sine qua non à la décision de construire la sucrerie.
Outre la prolongation de la levée des capitaux, le projet est confronté à un autre contretemps, plus mineur toutefois: les trois recours contre le permis unique introduits par l’intercommunale IDEA et BASF, qui disposent d’installations à côté du terrain de la future sucrerie, sur la question de l’accès à l’eau, et la commune de Seneffe.
Celle-ci a exprimé des réserves portant notamment sur les questions du charroi, du captage d’eau et des risques d’odeurs nauséabondes.
« Nous ne sommes pas opposés au projet, bien au contraire, mais nous voulons avoir des garanties supplémentaires sur une série de questions », souligne Bénédicte Poll (MR), bourgmestre de Seneffe.
Celle-ci se veut rassurante. « Nous avons déjà eu des contacts avec la CoBT, mais le délai de 20 jours étant trop court, nous avons déposé un recours à titre conservatoire. Les discussions se poursuivent, et nous nous revoyons d’ailleurs la semaine prochaine. »
Usine reportée d’un an
Ces recours et la nouvelle levée de fonds ont toutefois une conséquence très pratique: le report de la décision de construire l’usine à fin juin/début juillet.
Sachant que la construction de l’usine prend au moins deux ans et que le sucre est par nature une activité saisonnière, la mise en exploitation de l’usine ne pourra se faire en septembre 2021.
La mise en service de la sucrerie et la production de sucre ne devraient donc débuter qu’en septembre 2022.
Pas grave, assure Jean-François Gosse, associé chez Innovity. « Un démarrage en 2022 ne remet rien en cause. Ce projet a été lancé en 2016. Un délai de six ans reste un timing extrêmement court pour lancer un tel projet industriel. »
Source:L’Echo
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