
Le climat, le bien-être animal, la concurrence des jus végétaux et la menace de nouveaux accords commerciaux de libre-échange sont autant de challenges et opportunités relevés par la Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL), à l’occasion de son congrès organisé les 11 et 12 mars à Cherbourg.
« Les Etats-généraux de l’alimentation aspirent à l’engagement de l’aval, industriels et distributeurs, envers les producteurs de lait, rappelle Thierry Roquefeuil, président de la FNPL, lors du congrès national du syndicat. Une juste rémunération des éleveurs permet d’assurer leur propre engagement vis-à-vis des consommateurs, sur le volet du climat et du bien-être animal notamment. Nous sommes dans une démarche vertueuse, il faut nous donner le moyen d’agir. »
Faire valoir l’action pour le climat
D’après Alexander Anton, secrétaire général de l’European dairy association (EDA), « l’empreinte carbone du lait européen est d’environ 1,3 kg CO2/litre de lait contre 2,4 pour la moyenne mondiale. » Riche de sa nouvelle démarche de responsabilité sociétale et de l’ouverture du marché carbone aux éleveurs bovins, la ferme laitière France se veut vertueuse pour l’environnement.
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Ces atouts devraient être valorisés dans le cadre de la prochaine Pac. « Les objectifs de la Pac n’ont pas changé depuis le traité de Rome : productivité, niveau de vie des producteurs, stabilisation des marchés, sécurisation des approvisionnements et prix abordables au consommateur mais l’environnement prend de plus en plus de place, souligne Philippe Chotteau de l’Institut de l’élevage (Idele). La récente validation par la Commission européenne des paiements pour services environnementaux (PSE), le remaniement des éco-conditionnalités des aides et le lancement du Green deal – Pacte vert – vont dans ce sens. »
Ce Green deal entérine l’ambition de l’Union européenne d’atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050. « Un véritable levier à saisir », estime Christiane Lambert, présidente de la FNSEA.
Protéger le marché intérieur
Sur le volet commercial, Benoît Rouyer, économiste à l’interprofession laitière (Cniel), estime que « le contexte sociétal est favorable aux démarches de segmentation AOP, bio ou privées » et qu’il faudrait « décliner cela au-delà du lait de consommation. »
Bien que le petit-déjeuner soit en perte de vitesse et que le flexitarisme monte, les experts présents ne craignent pas une forte déconsommation des produits laitiers. « Le rayon crémerie est celui qui a pris le plus de valeur en 2019 (+2,7 %) », ajoute Benoît Rouyer. Concernant la concurrence croissante des jus végétaux, qui a contribué à la faillite d’industries américaines, « on ne dépassera jamais la barre des 10 % de part de marché », estime Alexander Anton. « Il faut rester vigilant sur les démarches comme le Nutriscore qui ont tendance à valoriser les produits de substitution, sans considération des empreintes sociale et économique sous-jacentes », note Thierry Roquefeuil.
A plus large échelle, « le Ceta et le Mercosur ont été plutôt positifs, bien que mineurs, pour le lait européen, constate Philippe Chotteau. En revanche, les accords en préparation avec les États-Unis et la Nouvelle-Zélande sont plus à risque. » L’impact d’un Brexit dur plane également sur la filière.
Source: La France agricole
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