L’entrée fracassante d’AB-InBev dans le marché africain de la bière

En octobre dernier, le n°1 mondial de la bière, la société belgo-brésilienne AB-InBev, a officialisé l’acquisition de SABMiller pour un montant record de 92 milliards d’euros. Ce rachat est loin d’être anodin, car le groupe brassicole, né à Louvain en 1366, s’est activé ces dernières années pour étendre ses activités vers de nouveaux marchés à fort potentiel de croissance. L’Afrique en fait partie. Mais est-elle pour autant un eldorado comme certains experts du secteur le prétendent ? Quels sont les arguments qui ont poussé le leader mondial à se tourner vers le continent pour absorber son rival sud-africain ? Quels sont les défis de ce pari sur le secteur de la bière en Afrique ?

Présence de SABMiller au Zimbabwe. La bouche d’un homme parfaitement heureux est pleine de bière», affirme une maxime de l’Egypte antique. Durant des décennies, cet adage se conformait parfaitement aux habitudes des consommateurs des marchés traditionnels, lesquels se pressaient par millions dans les bars ou les pubs pour savourer une bonne pinte et se payer du bon temps après une journée de travail bien remplie. Aujourd’hui, il semble que les comptoirs de cafés ne sont plus aussi fréquentés qu’auparavant et la bière ne coule plus autant des fûts. Les relations qu’entretiennent les consommateurs européens et américains avec les Budweiser, Stella Artois, Peroni et autres marques battent des ailes. De fait, la consommation d’alcool produit à base d’eau, de malt et de houblon a diminué de 23% en Belgique entre 1995 et 2014.

La bière est pourtant considérée comme l’un des éléments essentiels du patrimoine gastronomique de ce pays. Cette tendance à la baisse est aussi perceptible en Europe où la consommation de la bière est descendue de 362.066 mille hectolitres en 2009 à 350.712 mille hectolitres en 2013, selon un rapport publié en 2015 par l’association Brewers for Europe, basée à Bruxelles. De l’autre côté de l’Atlantique, aux Etats-Unis, un autre marché traditionnel a baissé de 20% par tête d’habitant au cours des vingt dernières années, selon un récent sondage de l’institut américain Gallup. Cette mutation dans les marchés occidentaux a poussé les multinationales de la brasserie à chercher de nouveaux marchés à fort potentiel de croissance, notamment en Afrique. Mais, à quoi ressemble celui-ci ?

Le potentiel du marché africain

Le marché de la bière sur le continent africain est dominé par quelques grands groupes internationaux notamment SABMiller (South African Breweries), Heineken, Diageo et Castel qui se partagent 80 à 90% de parts de marché. Le taux de consommation de la bière en Afrique demeure encore très faible, de 9 à 10 litres par an et par habitant contre une moyenne mondiale de 45 litres, et de 100 litres pour des pays comme l’Angleterre. Selon plusieurs analystes, la croissance de la consommation en Afrique devrait augmenter de 6% par an, d’ici 2018. Le continent pourrait ainsi dépasser l’Asie où la hausse se situe autour de 3,6%, et l’Amérique du Sud à 2,9%. Par ailleurs, l’Afrique connaît des taux de croissance supérieurs à 4% depuis 2010 et les prévisions tablent sur un produit intérieur brut (PIB) en progression de 4,6 et 5% en 2016 et 2017. Le marché africain de la bière est donc celui qui est promis à la plus forte croissance pour les années à venir. Une tendance renforcée notamment par l’émergence d’une classe moyenne. L’Afrique du sud, pays d’origine de SABMiller, est de loin le premier marché pour les brasseurs en Afrique. La consommation annuelle par habitant y est estimée à environ 57 litres.

Forbes

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